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vol. 22 / 19 avr. — 3 mai 2014
Le pavillon
de Stephen Albert

Antonin Giroud-Delorme

L'ombre du nuage

Après l'ère du Home cinéma, véritable autel technologique de la fin du siècle dernier, nos objets et outils de communication domestiques semblent désormais se dématérialiser et suivre, à peu de choses près, le même chemin que celui de l'objet d'art à la fin des années 1960.

À l'époque, ce que Lucy Lippard et John Chandler 1 mettaient en lumière, c'était le fort contraste entre un art américain puissant et démonstratif, profondément ancré dans le sol et une tendance naissante à un art plus aérien, volatile et immatériel où le silence de John cage 2 s'opposait au vacarme expressionniste, où les white paintings de Rauschenberg 3 devenaient des aéroports pour les ombres, les lumières et les particules...

Il en est de même aujourd'hui pour nos ordinateurs dernier cri, nos smartphones et autres tablettes tactiles qui semblent se destiner à n'être plus que des véhicules, des voies d'accès, des éléments d'un grand tout dont le design nous est vendu comme quelque chose de toujours plus aérien (iPad air).

Ces appareils nous conduisent à une puissance supérieure, un monde invisible et infini auquel nous devons être en permanence connectés. Comme dans un roman de Philippe K.Dick où le plus grand nectar est numérique, nous voyageons désormais par ondes et nous fabriquons nos rêves d'après un catalogue en ligne. Nous publions, partageons au sein d'une communauté, nul besoin de graver nos souvenirs puisque nos données sont stockées dans un nuage...

C'est bien cette situation qu'interroge Antonin Giroud-Delorme dans son exposition Le pavillon de Stephen Albert à Toshiba House : notre « solitude limpide » face à ces objets de communication, toujours en mutation, ou nos fonds d'écran sont nos ciels...
En affirmant la matérialité de ces sculptures, en l'exacerbant dans sa mise en forme et en révélant la nature contenante de ces volumes, Antonin « re-concrétise » ces objets en leur attribuant ce que le design de masse leur a ôté : des arrêtes vives, un poids visuel, une surface, il redonne ainsi de l'ombre aux nuages...

HSB

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1 The Dematerialization of Art, article publié par Lucy R. Lippard et John Chandler dans Art Internationnal, Février 1968.
2 4'33" est une partition silencieuse en trois mouvements de John Cage qui fut interprétée pour la première fois en 1952 par le pianiste David Tudor.
3 John Cage qualifiait les peintures blanches (White Paintings, 1951) de Robert Rauschenberg d'aéroports pour les ombres, les lumières et les particules...

www.antoningirouddelorme.com
© photos : Nicolas Waltefaugle